Un bâtiment est finalement aussi fragile qu’un arbre et rien ne peut empêcher sa destruction par le feu ou par une catastrophe naturelle de forte ampleur. Son niveau de solidité pourra cependant aider à ce que les dégâts soient limités et dans certaines circonstances à ce qu’ils soient évités. Lorsque des bâtiments disparaissent sous l’effet d’évènements climatiques, il faut penser la reconstruction d’une autre manière. En tant que professionnel, l’architecte intervient au premier plan pour prescrire ce qu’il convient d’exécuter comme méthode : à l’identique s’il s’agit d’un monument historique, de manière plus solide dans les autres cas ? Il s’agit parfois d’un véritable dilemme et nous vous expliquons ici quel peut être le rôle de l’architecte dans de telles circonstances.
L’architecte comme allié de la reconstruction
Après un drame, il est humain de vouloir faire disparaître ses traces afin d’oublier au plus vite la douleur et la peur. C’est l’aspect psychologique de la reconstruction qui va pousser les populations à éliminer le plus rapidement possible les débris, la boue amenée par l’eau en cas d’inondation et tous les effets secondaires liés au cataclysme.
Mais l’urgence à rebâtir une ville ou des bâtiments après une catastrophe naturelle est aussi largement économique car la vie ne peut pas s’arrêter et doit reprendre son cours le plus vite possible. Face à une telle situation de crise, l’architecture Post Urgence doit idéalement consister à ne pas rebâtir à bas prix en faisant les mêmes erreurs de conception, faute de temps et de budget.
Concernant les logements, la survenance d’une catastrophe naturelle va aider à accélérer la perception de financements mais dans la plupart des cas, les situations sont très difficiles et le manque d’argent constitue évidemment un problème car les assurances mettent parfois longtemps à indemniser les victimes (même avec des arrêtés de catastrophe naturelle pris par le gouvernement) et les enveloppes dégagées ne sont parfois pas à la hauteur des travaux à réaliser. Trop nombreuses sont en effet les familles qui assurent mal leur bien en pensant que les catastrophes naturelles n’arrivent qu’aux autres.
Le talent de l’architecte devra donc justement consister à faire des propositions ingénieuses dans des enveloppes budgétaires raisonnables.
L’architecte force de proposition
Après une catastrophe naturelle, l’architecte spécialisé dans ce type d’intervention doit non seulement être un technicien mais aussi un psychologue. Il va en effet devoir faire accepter à la population que la ville sera modifiée à tout jamais et ne sera plus comme avant.
De même, lorsque l’architecte s’adresse à des particuliers après ce genre d’évènement, il doit leur faire admettre que la reconstruction n’aura pas forcément lieu mais qu’une construction pourra intervenir en remplacement. Comme pour toute disparition, même si elle est seulement matérielle, il convient d’effectuer un travail de deuil et d’accepter que la vie sera ensuite différente. Ni mieux, ni pire mais juste différente.
Il est en outre recommandé que l’architecte travaille pour le plus grand nombre afin d’avoir une vision globale de la reconstruction d’un quartier. Pour éviter une disparité dans les styles il est en effet préférable de créer un projet commun où chacun se sentira pleinement investi.
La force du collectif ne doit pas être négligée et souvent les municipalités créent des cellules citoyennes où la concertation est de mise. Ces assemblées permettent aussi à chacun de prendre la parole et d’expliquer son ressenti, ses peurs et ses envies.
Sur le plan technique, il est évidemment souhaitable que des analyses soient menées pour que les nouveaux bâtiments puissent mieux résister à une éventuelle catastrophe naturelle de même nature. La difficulté résidera cependant à pouvoir effectuer ce genre de recherche pour des logements individuels et cela faute de moyens.
Pour les bâtiments publics ou des bâtiments privés de bureau les choses seront différentes car les collectivités locales voudront évidemment apparaître comme exemplaire en démontrant qu’elles sont capables de faire mieux que l’existant antérieur.
Il s’agit donc d’un véritable défi et il est préférable qu’il soit relevé par un homme de l’art spécialisé dans des interventions post urgence.